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Le Dragon de Combat et son escorte étaient en train de flotter tête la première au-dessus des anneaux de Qoribu, essuyant les tirs de deux croiseurs Chiss tandis que la Grande Nuée commençait à plonger pour rejoindre la zone de guerre. Les haut-parleurs de Jaina et Zekk crépitèrent lorsque des officiers Hapiens leur demandèrent des explications et que des Affiliés de la Colonie les informèrent de la stratégie adoptée par Unu. Mais les deux Jedi n’y prêtèrent que très peu d’attention. Ils se trouvaient à deux kilomètres derrière la Nuée, avec un troisième FurtiX contrôlé par Jaina et leur mission était totalement indépendante de l’offensive Killik. UnuThul n’avait pas vraiment digéré l’échec de l’embuscade et il leur avait donné mentalement un ordre strict : retrouver Lowbacca et quitter les lieux au plus vite.

La Grande Nuée atteignit la flotte Hapienne et l’engloutit littéralement sous un étincelant nuage de tirs de fusées, avant d’engouffrer le tourbillon de chasseurs stellaires qui tentaient toujours de sécuriser l’espace vital séparant les deux armées. Les croiseurs Chiss ripostèrent avec une puissance de feu décuplée. Et de brillantes explosions rouge et saphir illuminèrent le cœur de la Grande Nuée. Mais les forces de la Colonie continuèrent à piquer, perdant une douzaine de vaisseaux-flèches à chaque nouveau tir de turbolaser. Malgré cela, les Killik maintinrent leur position serrée.

Désireux de récupérer Lowbacca avant de pénétrer en territoire ennemi, Jaina et Zekk apaisèrent leurs esprits, se connectèrent à travers la Force… et furent si surpris qu’ils en eurent le souffle coupé.

J’ai ressenti la présence de Maître Skywalker, déclara Zekk mentalement.

Ils sont là tous les deux, confirma Jaina. Avec mère, Kyp et les autres… Difficile de les localiser.

Ils essaient de se cacher, admit Zekk. Mais ils semblent passer un sale quart d’heure. Je me demande si Unu est averti de leur présence ?

UnuThul sait, répondit instinctivement Jaina.

La volonté d’Unu leur compressa la poitrine et leurs pensées revinrent à Lowbacca.

Après quelques minutes, ils finirent par le localiser. Il semblait complètement sonné, désorienté et à moitié inconscient, sous le pôle sud de Qoribu, au cœur du groupe de commandement Chiss.

Drogué, déclara Zekk dans leurs pensées. Pas surprenant.

Je dirais même, prévisible, observa Jaina, de plus en plus impatiente. Il va falloir faire vite.

La volonté d’Unu exerça de nouveau une pression, et leurs mains actionnèrent la manette des gaz à l’unisson. Leur tour viendrait plus tard.

Avant que n’apparaisse le navire de commandement de la Colonie – une ancienne frégate de classe Lancer réquisitionnée par les Unu –, les premiers vaisseaux-flèches s’étaient dangereusement rapprochés de l’escorte des croiseurs. Les écrans tactiques de Jaina et Zekk furent illuminés par les tramées de fusées. Les vaisseaux Chiss vacillèrent et disparurent les uns après les autres lorsque le barrage Killik tomba nez à nez avec les croiseurs. Les deux appareils en question perdirent soudain leurs boucliers avant de se faire happer par les flammes.

Le croiseur leader fut rapidement encerclé. Ces turbolasers continuèrent à faire feu durant quelques secondes, puis une série de tirs lui balafra la coque, suivie d’une assourdissante explosion. Une fois après l’avoir définitivement désarmé, la Grande Nuée stoppa l’offensive et se lança aux trousses du dernier croiseur encore opérationnel.

L’escadron Hapien prit instantanément les vaisseaux-flèches en chasse, se déplaçant pour protéger les brèches que les Killks venaient d’ouvrir au cœur des lignes ennemies. Mais Jaina et Zekk n’étaient pas d’humeur à patienter. Ils devaient absolument récupérer Lowbacca.

La volonté d’Unu se fit plus insistante, et Jaina et Zekk dépassèrent la Nova Hapienne la plus proche, la frôlant si près qu’ils purent voir l’un des pilotes en train de loucher sur les silhouettes sombres de leurs FurtiXs.

Le passage s’ouvrit sur une sorte d’immense voûte, beaucoup trop obscure pour la torche du casque de Mara. Elle alluma la lampe harnachée à son pied et découvrit une pente sombre et striée, recouverte de boules de membrosie. A certains endroits, ces boules pouvaient s’entasser sur près d’un mètre de hauteur.

Dans son dos, elle entendit Luke tirer une salve de blaster. Un petit bip se répercuta dans son casque, signe que l’air était de nouveau pressurisé. Du moins, dans cette partie du nid. Un rapide coup d’œil sur les données de son cadran facial lui donna raison.

— J’aurai au moins réglé mon problème de sifflement. (Luke releva son propre casque tout en continuant à faire feu.) C’est déjà ça.

Mara se retourna et distingua toute une rangée de pilotes à six membres agglutinés le long du passage. Elle se servit de la Force pour repousser chacun des insectes au fond du tunnel tandis que Luke se concentrait sur le meneur. Une demi-douzaine de tirs plus tard, le scaphandre finit par voler en éclats, suivi de la tête de son propriétaire.

Mara autorisa un autre Killik à s’approcher et elle et Luke répétèrent la manœuvre une nouvelle fois. Les insectes à l’arrière firent demi-tour et regagnèrent le bout du tunnel au pas de course.

— Il est grand temps de filer, observa Mara, qui s’exprimait toujours dans son casque. Ils vont encore essayer de nous coincer.

Luke abattit l’insecte qu’il venait d’isoler, puis ils flottèrent de nouveau en apesanteur. Une quinzaine de mètres plus loin, Luke s’immobilisa et ralluma sa lampe pour un balayage des lieux.

— C’est l’endroit idéal pour tendre un piège, déclara-t-il. Il y a un sacré espace. Grâce à la Force, on devrait gagner en agilité.

Mara balaya sa propre torche à travers la voûte. De temps en temps, elle pouvait observer une bandelette de cire informe et quelques boules de membrosie disséminées, çà et là, sur les parois sombres et glissantes. Mais concrètement, ils semblaient flotter au beau milieu d’un vaste espace vide.

— C’est l’endroit parfait, en effet. (Mara dirigea sa torche à l’intérieur du tunnel d’où ils étaient arrivés et fut surprise de voir que personne ne leur courait après.) Aucun pilote de vaisseau-flèche en vue. Il reste juste un petit problème.

Luke se tourna à son tour et dit :

— Yan et Leia doivent les avoir attirés. Je crois bien que le Faucon est à l’intérieur du nid.

Mara égalisa la pression de son scaphandre et finit par relever son casque. Elle faillit presque suffoquer au contact de l’air fétide.

— C’est quoi, cette odeur ? se plaignit-elle.

— Mieux vaut ne pas chercher à savoir, répondit Luke. Quelque chose en train de moisir, on dirait.

— Et moi qui pensais que le nid Lizil puait.

Tandis que Mara s’exprimait, une boule de membrosie tomba à ses pieds. A l’opposé du sirop ambré des nids Lizil et Yoggoy, le liquide contenu dans son écrin cireux semblait plus sombre et terreux.

Mara leva les yeux en direction du plafond et crut un instant ne contempler qu’une surface de cire brunie. Mais, lorsque ses yeux s’habituèrent un peu plus à l’obscurité, elle distingua les têtes de plusieurs Killik de la taille d’un speeder. Ils revêtaient tous une couleur bleu foncé et bloquaient une entrée de tunnel d’environ deux mètres de hauteur.

— Mais qu’est-ce… ? (Mara saisit son sabre laser.) Des reines ?

— Je ne pense pas, répondit Luke, apparemment dégoûté. Des donneurs de membrosie. Jette un œil de l’autre côté.

Mara déplaça sa torche le long du corps de l’un des Killik. Le thorax semblait relié au plafond par six jambes tubulaires menant à un abdomen particulièrement gonflé. D’à peu près la corpulence d’un Bantha, l’organe laissait dégouliner de petites gouttes de membrosie noire. Tout autour grouillaient de minuscules serviteurs Gorog, qui récupéraient chaque gouttelette avant de la déposer dans une boule de cire extraite de leur propre abdomen.

— Appétissant, déclara sèchement Luke. (Ni les donneurs de membrosie, ni les serviteurs n’exprimaient une quelconque hostilité. Sans doute parce qu’ils manquaient d’habileté au combat.) Et maintenant, on fait quoi ? Marche arrière ?

Tandis que Mara s’apprêtait à répondre, Alema Rar fit son apparition dans le tunnel, toujours vêtue de sa combinaison de vol.

Les donneurs de membrosie dressèrent de petits tubes nourrissants et se mirent à claquer leurs mandibules, pour attirer son attention. Mais la Twi’lek les ignora royalement.

— Je suis désolée, dit-elle à Mara. Mais nous ne pouvons vous laisser partir.

— Vous ne pouvez pas nous laisser partir ? rétorqua Mara.

La simple vision de la traîtresse fit bouillir le sang de Mara. Elle essaya de se rappeler qu’Alema n’était pas entièrement responsable de ses actions – que la Twi’lek était involontairement tombée sous l’emprise du Nid Obscur – mais cela ne dissipait en rien sa colère. Elle dégaina son sabre laser et contempla le tunnel vide qui menait jusqu’aux hangars.

— D’où je me trouve, vous n’êtes pas en position de me stopper.

Alema lui adressa un petit sourire narquois.

— Et moi, je vous assure du contraire.

Un froissement étouffé se répercuta dans le tunnel et un mur de guerriers Gorog vint presque instantanément bloquer l’entrée. Bien qu’ils ne soient pas équipés des armatures qui avaient protégé les pilotes de vaisseaux-flèches, ils s’avéraient bien plus imposants et étaient armés de tridents et de fusils d’assaut à électro-projectiles.

Une cacophonie de petits cris perçants se répercuta aux quatre coins de la pièce obscure. C’était le son de plusieurs centaines de Killik en train de piétiner l’épaisse cire qui recouvrait la quasi-totalité du nid. Mara éclaira les parois à l’aide de sa torche et vit la masse grouillante de guerriers Gorog prêts à se jeter sur eux. La colère qu’elle éprouvait contre Alema se teinta d’amertume.

— Dites à vos maîtres qu’ils vont regretter de ne pas être morts pendant le Crash. (Mara chargea une nouvelle cartouche dans son pistolet blaster.) Parce qu’on vient les chercher.

Alema sourit à pleines dents et les guerriers Gorog envahirent le tunnel dans son dos.

— Il vous faudra plus de sabres lasers que de pistolets blaster, je crois.

La trappe d’évacuation d’urgence du Faucon s’ouvrit tout doucement. Les quatre droïds « croqueurs d’insectes » YVH – empruntés à la Tendrando Arms et spécialement conçus selon les propres spécifications de Yan – sautèrent à pieds joints sur le sol du hangar plongé dans l’obscurité la plus noire. Vinrent ensuite les quatre Jedi – Kyp, Saba, Octa Ramis et Kyle Katarn – dans leurs scaphandres de combat. Quant à Yan, il était plus qu’heureux d’avoir réussi à convaincre Meewalh et Cakhmaim d’« aider » Juun et Tarfang à garder le Faucon. Ou sinon, lui et Leia – qui fermaient la marche, vêtus de scaphandres standard – auraient eux aussi été obligés de les surveiller.

— Je suis le capitaine du Faucon Millennium, grommela Yan dans le micro de son cadran facial. Autrefois, ça voulait dire quelque chose.

Quelques secondes plus tard, Leia le prit par le poignet et ils sautèrent ensemble de la trappe d’évacuation. Elle le tira à bout de bras dans l’obscurité dépressurisée, utilisant la Force pour s’éloigner du Faucon, évitant ainsi d’avoir à se servir de leurs mini-propulseurs et devenir, de fait, des cibles privilégiées.

Après avoir étudié le terrain, les YVH activèrent leurs propulseurs, illuminant brièvement la zone d’atterrissage parsemée d’épaves de vaisseaux, et percèrent un trou sur le mur arrière. Utilisant la technique de fusion mentale Jedi, Kyp et les autres Maîtres activèrent, quant à eux, leurs lampes de combat vertes et se servirent de la Force pour rejoindre les droïds. Leia et Yan les suivirent de près. Ce dernier se sentait d’ailleurs comme un petit garçon entraîné en plein cauchemar, comme en témoignaient tous ces crânes d’insectes déchiquetés et ces bouts de thorax putréfiés qui flottaient partout autour de lui.

Lorsqu’ils s’engouffrèrent dans le trou, la torche du casque de Leia s’alluma. Yan activa sa propre lumière et réalisa qu’ils se trouvaient désormais dans un petit hangar d’entretien. Les YVH prirent ensuite la direction d’un tunnel d’accès jonché de cadavres de Gorog. La plupart des insectes avaient des yeux exorbités et d’innombrables lambeaux de tissu organique jaillissaient de leurs poitrails. Signe qu’ils avaient subi une mort rapide, mais ô combien douloureuse, par décompression.

Kyp guida l’équipe de secours un peu plus en avant, puis il activa son propulseur manuel et prit la tête du groupe à l’intérieur du passage. Content de s’apercevoir qu’il était redevenu maître de son destin, Yan enclencha ses mini-propulseurs et vint se placer juste à côté de Leia. Les corps d’insectes semblaient s’accumuler et le groupe eut bientôt l’impression de nager dans une mare de cadavres.

Yan vint coller son casque contre celui de sa femme, de manière à ce qu’ils puissent parler sans avoir à utiliser les micros.

— Tu crois que Luke et Mara sont responsables de ce chantier ?

— Kyp semble le croire.

— La vache ! C’est sympa de leur part de nous montrer le chemin !

Ils passèrent devant les restes carbonisés de la membrane et poursuivirent leur route à travers le labyrinthe de tunnels enchevêtrés, suivant une traînée régulière de Gorog morts et de murs explosés.

L’équipe de secours atteint une nouvelle membrane et avança en rampant, tandis que les « croqueurs d’insectes » ouvraient la marche. Kyp et Octa Ramis suivaient toujours les droïds lorsque la membrane fut soudain éclairée par une série de coups de feu.

— Ennemi localisé, indiqua Bug Un. Offensive lancée.

Yan arma le blaster T-21 à répétition qu’il avait ramené en même temps que son insectifuge et s’engagea à son tour à l’intérieur.

— Pas encore, dit Leia dans son micro. Le scaphandre de Kyp a été percé.

Elle n’eut pas besoin d’en dévoiler davantage. Avec le scaphandre endommagé de Kyp, il n’était pas bien malin de poursuivre leur chemin.

— Eh bien, dis-leur de se grouiller, fit Yan. J’ai la gâchette qui commence à me démanger.

Leia quitta Yan des yeux et se tourna vers le couloir.

C’est à ce moment précis que le casque étincelant de Saba apparut. La Barabel lui offrit son plus beau sourire, dévoilant une rangée de crocs pour le moins intimidants.

— Saba penze que za ne devrait pas le démanger trop longtemps.

Yan se tourna à son tour et son estomac fit un bond.

Une douzaine de pilotes en scaphandre étaient en train de se ruer vers eux. Yan tendit son T-21 et ouvrit le feu. L’une des armatures céda, mais la plupart des salves finirent par ricocher, ne détruisant que de nouvelles parcelles de mur et remplissant l’espace, déjà bien confiné, d’un épais bouillard de vapeur d’ethmane.

Yan plaqua son épaule contre celle de Leia.

— Chérie…, dit-il en visant les jambes des Killik… t’ai-je déjà dit à quel point je haïssais ces foutus cafards ?